Retour d'Ilya en compagnie de Daemon

La chambre était devenue silencieuse mais Daemon n'y faisait pas vraiment attention, seules les nanomachines s'y intéressèrent suffisamment pour le noter dans un coin de sa conscience. Pour sa part, la Méta somnolait comme un chat au soleil. Elle avait entendu les mouvements de sa camarade de chambre toutefois. Mais comme aucun bruit sec n'en ressortit, elle se dit que tout allait bien et n'ouvrit même pas les yeux. Oui, elle devait l'admettre elle était fatiguée. Elle était sur la station mais la préparation du voyage avait était un lourd fardeau : convaincre l'équipage, échapper aux patrouilles d'hommes en villes, se débrouiller pour trouver de quoi survivre le reste du temps... La vie sur Terre pour les femmes étaient devenu un véritable parcours du combattant. C'est le cas de le dire... *La seule chose pouvant me consoler c'est ce fichu espoir de retrouver mon passé, mes origines, qui et surtout ce que je suis...* Les pensées de la Méta retournèrent vers la dernière donnée mémoire qu'elle avait récupéré et son visage se crispa quelques secondes en une grimace. *Non... Non, je ne veux plus me souvenir.*

Daemon allait retourner à son demi sommeil quand une idée saugrenue lui passa par la tête : tout ça était-il prémédité ? Impossible, n'est-ce pas ? Cela ne pouvait être le cas. Du moins, elle l'espérait de tout coeur. Quelque part au fond d'elle-même, elle commençait à entrevoir les grandes lignes du projet qu'elle était. Si seulement avait au moins UNE sortie de secours... Un espoir auquel se raccrocher...

Poussant un soupir à fendre l'âme, Daemon roula sur le lit et se redressa dans un même mouvement fluide avant de se figer net en découvrant les yeux d'Ilya fixés sur elle. Elle avait un air préoccupé... N'étant pas certaine de pouvoir lui être d'une aide quelconque étant donné son air profondément pensif, Daemon lui adressa un fin sourire hésitant avant de se lever en s'étirant mécaniquement, son dos craquant clairement dans le silence de la chambre. S'intéressant à nouveau à son sac, la jeune Méta l'ouvrit et en sortit une tenue de nuit. Elle entreprit alors de défaire son armure légère (constituée d'une tunique en cuir beige possédant quelques pièces d'armures, notamment aux épaules et aux mains). Elle avait défait les attaches supérieures et allait attaquer celles de la partie inférieure quand le bourdonnement revint en force sans prévenir. Le haut de sa tunique se mit à glisser sans qu'elle ne l'arrête.

Un autre souvenir prenait possession de son esprit...



"... plus tôt nous serons victorieux. Où en est l'essai ?"

"Nous sommes prêts..."

Le scientifique prit le microphone qui reposait devant lui en main et l'actionna sans attendre, impatient de voir leur progression depuis le dernier test. Tout de suite après, sa voix raisonna à travers tous les hauts parleurs de la base souterraine tandis qu'il scrutait à travers la vitre blindée la vaste chambre dans laquelle reposait le projet DaEMoN en contrebas.

"Dégagez la zone d'essai ! Verrouillez les portes et commencez l'enregistrement !"

"Sujet en phase de réveil, sir." Interrompit le responsable machines.

"Activez les protections !"

Plusieurs machineries mirent en place les boucliers mobiles dans un grincement assourdissant. La jeune fille qui était au centre de l'attention se mit à bouger, tirant sur ses chaines. Suite à un ordre, le responsable machines désactiva les restrictions du sujets et les chaines tombèrent au sol dans un "clang" retentissant, faisant sursauter une bonne partie du staff. La nervosité de l'équipe était si intense qu'elle en était presque palpable. Le sujet se leva et la phase de test débuta aussitôt suite à l'annonce suivante :

"Stage 1 !"

Quatre canons apparurent dans la chambre surprotégée et tirèrent sans préavis sur la jeune fille toujours fatiguée. Sa réaction fut trop lente et l'un des tirs l'atteignit avant que les nanomachines ne puissent intervenir. Son cri de douleur fit sursauter l'autre moitié du staff tandis que les trois autres tirs étaient déviés. Etalée au sol, l'enfant perdait une bonde quantité de sang là ou un trou de la taille d'une mandarine perçait son abdomen. Ordre fut donné de continuer, c'est pourquoi les canons se repositionnèrent pour le second tir. Cette fois-ci lorsque les tirs retentirent dans la chambre, le cri qui fut entendu n'était plus un cri de souffrance mais un cri étrangement métallique. Lorsque la poussière se dissipa, la jeune fille n'avait aucune nouvelle blessure tandis que son corps avait prit l'aspect de l'acier.

"Stage 2 !"

L'enfant reprenait apparence humaine lorsqu'une une rangée d'hommes armés de mitraillettes se positionnèrent dans des alcôves prévues à cet effet tandis que les canons étaient remplacé par deux lasers dernière génération...



Le souvenir n'avait pas duré plus de deux minutes durant lesquelles Daemon était restée parfaitement immobile. Les effets secondaires cette fois-ci étaient bien moins gênants : un simple mal de tête qu'elle ignora, trop secouée par son souvenir pour en oublier les images. La Méta était pâle. Très pâle...

Il fallut un petit moment à Daemon pour que celle-ci soit à nouveau consciente de ce qui l'entourait. Lentement, très lentement, elle leva une main et la posa sur son abdomen, à l'endroit exacte ou le canon avait transpercé l'enfant qu'elle était. La douleur...

"... va ?"

La jeune Méta sursauta et baissa son regard sur le visage inquiet de la jeune infirme, lui offrant un sourire tremblant dans une faible tentative pour la rassurer. Sa main était toujours crispée sur son abdomen et son visage n'avait pas retrouvé ses couleurs. Des détails lui revenaient plus elle y pensait, et elle n'appréciait pas du tout leur apparition. Pas plus que le léger tremblement de ses mains. Estomaquée, Daemon était en train de réaliser qu'elle était sans doute dans ce que les médecins appelaient un "état de choc". Cherchant à se sortir de sa stupeur, elle força ses cordes vocales à fonctionner.

"Oui, je... je vais bien... Ce... ce n'est qu'un souvenir... Un simple... souvenir..."

La jeune Méta n'avait pas l'habitude d'être dans un tel état émotionnel. Pour un peu, elle en aurait presque blâmer les nanomachines mais elle savait très bien que les minuscules parasites n'y étaient pour rien. En vérité ils lui ressemblaient sur un point : ils n'avaient rien demandé. Daemon obligea ses muscles à se détendre afin d'être capable de s'assoir sur le lit sans avoir l'air d'une parfaite imitation de planche. Elle avait encore du mal à enregistrer tout ce que ses souvenirs réveillaient en elle, que se soit les nanomachines ou ses propres démons. *Monstre...* Ce mot raisonna dans son esprit et ses yeux flashèrent un regard à la fois blessé et appréhensif sur Ilya.

Que lui avaient-ils fait ? Quel était leur but ?

"C'est... C'est assez confus."

Daemon se força au calme en s'entendant hésiter de la sorte. Elle se trouvait réellement pathétique, elle qui avait affronter des situations bien pires se mettait à trembler face à un souvenir... Ri-di-cule...

"Excuse-moi, je ne voulais pas t'inquiéter, Ilya. Tout va bien. Je ne m'y attendais pas mais à part ça, je vais très bien. Peut-être..."

La jeune Méta fit naître un léger sourire dans ses paroles, même si le coeur ni était pas vraiment.

"Peut-être que ma mémoire est en train de se restaurer grâce à ton aide."

Daemon remettait ses idées en place en essayant d'ignorer ses souvenirs mal venus.

"Je....... Mais alors... ce serait... à cause de moi que.. tu sembles autant souffrir...?"

*Err...* Daemon afficha une expression étrange l'espace de quelques secondes avant de retrouver son expression sereine. Ses yeux se fixèrent à nouveau dans ceux de la jeune infirme et y restèrent un moment tandis qu'elle réfléchissait en silence. Sa camarade semblait ne pas apprécier ses moments de faiblesse. La Méta en déduit qu'elle n'aimait pas vraiment la voir souffrir et, bien que cela touche Daemon, elle avait du mal à comprendre pourquoi la jeune fille tenait à elle. Après tout, n'était-elle pas un monstre, au fond ? *Rhaaa ! Si je remets la main sur ce scientifique déjanté, je lui ferai manger sa blouse !* Cette idée amusa la jeune Méta, la faisant rire doucement mais peu à peu son rire diminua... Quelques souvenirs tentaient de se restaurer, mais des souvenirs plus récents.

L'étrange Méta ne voulait pas se souvenir. Elle ne voulait plus de ses souvenirs. Quelque part dans un recoin de son subconscient, Daemon savait que ses souvenirs portaient le poids d'un lourd secret. Un secret qui ne devait pas être dévoilé... Elle devait en être la gardienne mais à quel prix ? Daemon sortit de ses réflexions et adressa un doux sourire à la jeune infirme en lui serrant la main brièvement.

"Je t'ai déjà dit que ce n'était pas de ta faute, Ilya. Je le pense réellement..."

Prenant conscience de sa tenue pour le moins inappropriée, la jeune Méta remit son haut normalement et le referma à moitié. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver : mieux valait être habillée qu'en soutien gorge pour être préparée. Elle allait continuer pour rassurer la jeune fille quand un autre souvenir attaqua mais celui ci n'avait rien d'un souvenir de laboratoire.



La patrouille l'avait poursuivie jusque dans les quartiers les plus dangereux de la capitale australienne. Elle n'en croyait pas ses yeux ! Quand allaient-ils enfin comprendre qu'ils ne la récupèreraient jamais ? Plutôt mourir que de retourner dans cet enfer... Daemon sauta par dessus un grillage avec une aisance déconcertante, se moquant bien d'être discrète. Ils avaient des détecteurs, ils l'auraient repérée de toute façon. La jeune Méta se mit à courir.

"Rattrapez-la bande d'imbéciles !"

Un bruit de fusil se fit entendre mais l'étrange Méta ne prit pas la peine de se retourner pour regarder, ce serait sa capture assurée. Se glissant dans une allée très étroite, la jeune Méta détruisit la seule lampe encore en état d'un coup de poing d'acier. Elle n'allait certainement pas leur obéir. Plus jamais !

Elle déboula dans une place remplie à craquer d'hommes. *Oulà... Mauvais calcul. Je suis trop morte...* La suite était un véritable carnage dont les détails n'étaient pas glorieux. Elle ne savait pas vraiment comment ni pourquoi mais les nanomachines avaient prit le contrôle, faisant passer sa survie (et donc la leur également) avant tout, résultant dans un bain de sang monstrueux. Tout ce qui avait été dans son passage avait été réduit en tas de chair : hommes, femmes, enfants... Ils avaient appelé ça la Nuit Sanglante. Inutile de dire qu'elle avait été recherchée pour payer mais les nanomachines ne lui permirent jamais de s'en souvenir, lui faisant oublier cette nuit tragique.



Jusqu'à maintenant. Pétrifiée, l'étrange Méta ne sentit même pas la larme qui roula sur sa joue droite. A l'arrière de sa conscience, le seul et même mot revenait sans cesse comme une ritournelle : *Monstre. Monstre... Monstre...*

Ichika se dirigeait en direction de sa chambre. Quiconque l'aurait vu aurait penser qu'elle sortait d'une nuit de folie avec son partenaire. Sa robe de nuit était à moitié déchirée, ses longs cheveux bleux étaient tout ébouriffés et elle en avait même certains collés sur ses joues et sur ses lèvre.
* Pffa * Ichika cracha à terre pour essayer de se débarrasser de ses cheveux insupportables qui obsturaient sa bouche.

* Bordel. On m'a retenue pendant une heure au secretariat. Mais qu'est-ce qu'elles ont a me poser mille fois la même questions, c'est insupportable. *
Ichika répéta d'une voix moqueuse ce qu'elles lui avaient dit " Où étais-tu Ichika, où étais-tu pendant ces un mois? " * Bla, bla mais puisque je vous dit que j'en sais rien. Je me rappelle plus alors saouler moi pas.*
Ichika s'était en effet retrouvée évanouie au milieu de SAS de la station, et un mois s'était écoulé. Cependant elle ne se rappellait de rien et cela la perturbait.

Tout en se parlant à elle même elle arriva devant la porte de sa chambre. Ilya devait surment être là. Comment allait-elle affronter son sourire triste? Elle s'apprêta à entrer lorsqu'elle se dit * C'est calme, c'est trop calme...* Ichika n'hésita pas deux fois. Elle connaissait ce genre de situation. Elle déguena son arme et ouvrit la porte violemment...

Ce qu'elle vit ne manqua pas de la surprendre : Ilya assise sur son fauteil roulant fixait anxieuse une jeune fille qui lui tournait le dos. Elle aussi avait de long cheveux comme les siens. Le bruit qu'avait fait Ichika avait du lui faire peur car elle tourna la tête brusquement. Ichika aperçut une larme sur son visage que la jeune femme s'empressa d'essuyer en se forçant de sourire...

[HRP : est-ce qu'on garde cet ordre de réponse : Ichika, Ilya, Daemon ? (pour que ce soit plus clair)]


L'apparition de l'inconnue eut pour effet de changer radicalement l'état d'humeur de Daemon. Ses souvenirs allèrent se mettre au second plan de ses préoccupations et elle reprit une contenance indifférente teintée de curiosité. Il fallait bien avouer que ces dernières heures avaient été vraiment étranges pour elle. Mais qu'importe.

Le fait que la nouvelle venue ait une arme en main toutefois eut tôt fait de la mettre sur ses gardes. Discrètement, elle déplaça son centre de gravité dans l'intention de bondir à tout instant, prête à faire face à n'importe quelle situation. Cependant la voix confuse d'Ilya la fit douter concernant l'identité de l'inconnue et surtout, sur la menace qu'elle représentait. On était rarement attaqué par une personne que l'on connaissait déjà après tout non ? Sauf cas exceptionnel vraiment tordus mais sinon...

La Méta sortit de sa mini réflexion en voyant la tête de la jeune infirme basculer vers l'avant. De là où elle était, dans son dos, elle ne pouvait pas vraiment savoir si c'était voulu ou non, mais un seul coup d'oeil à l'expression de l'inconnue lui apprit tout ce qu'elle voulait savoir. Réagissant au quart de tour avec l'aide des nanomachines, elle envoya valser le fauteuil qui la gênait sans se soucier de l'endommager ou non, et se rua sur la jeune fille en plein malaise. Elle ne savait pas si l'inconnue avait fait la même chose mais elle sentit effectivement un mouvement d'air venant de la porte. Se focalisant sur Ilya, la jeune Méta rattrapa Ilya juste avant qu'elle n'atteigne le sol mais ne put rien concernant son casque. Daemon relâcha un soupir de soulagement bien audible. *Si elle avait percuté le sol, elle aurait pu se faire mal... Les nanomachines...* Secouant la tête, Daemon souleva Ilya et l'amena à son lit. Elle la déposa dessus délicatement avant de lancer un regard interrogateur à l'inconnue.

"..."

Finalement Daemon posa une main sur le front de l'inconsciente. *37°5... Aucune fièvre, rien de bien méchant donc. La fatigue... ? Elle a eut quelques émotions en ma compagnie...* L'étrange Méta se recula et retourna près de son lit en observant l'inconnue, ne sachant pas à quoi s'attendre avec elle. Elle était également inquiète pour Ilya mais ne savait pas quoi faire de mieux que de la laisser se reposer.

(HRP: Je pense que c'est une bonne idée, mais j'espère surtout que je ne vous ferais pas attendre lorsque cela touche à moi de faire ma replique.)

Au moment où la larme de l'inconnue aux cheveux roses avait coulé, le fauteuil d'Ilya s'était retourné en un quart de tour. Ichika perçut la scène en ralentissement en regardant le visage d'Ilya fatigué, exctenué, et ses yeux se fermer petit à petit. L'infirme allait tomber par terre ! Au moment où Ichika allait s'avancer vers sa collocataire, elle remarqua que l'autre combattante avait fait de même et tenait maitenant Ilya dans ses bras. Soulagée et en même temps décontenancée, Ichika fixa sa sauveuse poser la petite handicapée sur son lit.

Dans la tête d'Ichika tout était mélanger et elle n'arrivait même pas à se souvenir si cette fille lui était inconnue ou non. Mais à juger de son attitude, il semblerait bien qu'elle le soit. Ichika se retourna vers et elle lui dit d'une manière agressive, ne montrant aucune sympathie :
" Toi, qui es-tu? "
Elle n'aimait pas celles qui s'infiltraient dans sa vie privée, et depuis ses fuites sur la terre, elle avait appris à se méfier de tout le monde.

Avant que cette dernière ait pu répondre Ilya avait émit un gémissement et rouvert des touts petits yeux. Pour Ichika maitenant la réponse de l'inconnue passait au second plan. Elle s'avança vers Ilya et lui sourit :
" Depuis le temps ! C'est quand même pas ma superbe entrée qui t'a fait perdre les sens ? " Ichika rigolait. Elle essayait de prendre cet évanouissement à la légère, même si elle savait que ça ne l'était pas du tout...

Les nanomachines bourdonnaient encore à ses oreilles, laissant parfois place à un silence si apprécié qu'elle en oubliait presque la situation actuelle. Du moins elle l'aurait oubliée si les petites pestes, surnom des nanomachines, n'avaient pas amené une information au centre de son attention divisée entre ses souvenirs récents, l'état actuel d'Ilya et la présence de l'inconnue à laquelle elle ne répondit pas tout de suite, se disant que l'envoyer balader n'était pas la meilleure action envisageable. Bien qu'elle en ait une terrible envie suite à ses manières. Une partie des nanomachines dédiées à ses sens s'agitaient furieusement, collectant quelques informations subtiles. Pas les cinq sens que l'on étudiait dans les manuels scolaires, non. Un sens propre aux Méta Machines. Quelque chose que l'on aurait pu qualifier de sixième sens, ou encore d'intuition, sans que cela soit vraiment la définition exacte du phénomène.

Le fait est que, grâce ou à cause de sa symbiose unique avec les nanomachines de la NESC, Daemon possédait une affinité avec tout ce qui était électrique ou relatif à une machine. De ce fait, les signaux électriques qu'émettaient les neurones d'Ilya dans son sommeil ne passèrent pas inaperçus pour elle. La déduction était ensuite une question de logique : la jeune infirme rêvait. *Rêve ou cauchemar ? Si seulement ça pouvait être un rêve...* Ilya méritait un bon repos...

Finalement Daemon accorda toute son attention à l'autre personne présente dans la pièce, l'inconnue. Cette dernière était penchée sur l'endormie, attestant d'une rencontre précédente. Elles se connaissaient de toute évidence. C'est en partie ce qui l'avait empêchée d'envoyer balader l'inconnue un peu plus tôt si elle voulait être honnête. Mais franchement...

Un éclair de douleur traversa l'esprit de Daemon qui sous le coup de la surprise recula, butant contre son lit et manquant de tomber à la renverse. Heureusement ses réflexes lui évitèrent de s'étaler sur le matelas mais cela ne la soulagea pas de la douleur vive de son crâne. Sans qu'elle ne le maitrise, son bras se leva et se pointa sur l'inconnue tandis qu'une désagréable sensation de picotement lui traversait tout l'avant bras puis la main. *Nhn... Non !* Son bras retomba le long de son corps aussitôt puis son mal de crâne s'apaisa tout comme elle faisait son possible pour garder ses émotions sous contrôle. Une fine goutte de sueur roula le long de sa tempe. Bien que rien ne le montre réellement, elle était exténuée. *Damn... C'était pas loin cette fois...*

S'asseyant avec précaution sur son lit, Daemon en retira son sac et le déposa à ses pieds tout en adressant la parole à l'inconnue d'une voix étrange, non seulement à cause de son accent métallique mais aussi des tons conflictuels que l'on y décelait : avertissement et fatigue principalement.

"Votre nouvelle camarade de chambre..."

Une fois cela dit, l'étrange Méta scruta un instant la jeune infirme pour jaugé son état et ne voyant aucun changement, entreprit de s'allonger. Son vêtement de nuit était complètement oublié, elle avait besoin de retrouver un semblant de stabilité avant d'entreprendre quoi que ce soit d'autre. C'était réellement primordial... Elle ferma les yeux.

[HRP : juste à titre d'info, Daemon ne possède pas d'armes ^^']


La jeune Méta écoutait les bruits de la chambre depuis une ou deux minutes, suivant sans trop y faire attention les allées et venues d'Ichika. Lorsque du mouvement se fit entendre du côté d'Ilya, elle fut tenté de rouvrir les yeux mais c'était un peu trop tard, sa régénération était entamée. L'interrompre maintenant serait trop risqué : chacune de ses actions devait être pensée avec soin ces derniers temps. C'était usant, même pour elle.

Fronçant légèrement les sourcils, Daemon oublia quelques instants son environnement proche et déclencha le renouveau de tout son être. *Code R-O1...* Son métabolisme biomécanique réagit immédiatement à l'ordre silencieux, les nanomachines se répandant dans son système pour accomplir leur mission courante. Malgré elle un sourire s'étala sur ses lèvres comme elle sentait la tension qu'elle avait accumulée récemment s'évanouir aussitôt. On pouvait croire que sentir et visualiser les nanomachines était totalement perturbant mais Daemon avait toujours vécu avec les petites pestes... Aussi loin qu'elle s'en souvienne. Une fois le processus terminé, elle resta allongée en gardant les yeux fermés.

La subite question d'Ilya cependant la fit presque sursauter.

Retrouvant son état d'étendu, elle ne dit rien, réfléchissant au petit problème qu'elle avait eu un peu plus tôt avec son bras. Ce n'était pas la première fois que ce genre de... dysfonctionnement lui arrivait. Non, en vérité c'était l'une des choses qui faisait d'elle une Méta Machine exceptionnelle pour les scientifiques, dangereuse pour le reste du monde. *Une arme de destruction... autrement dit un monstre, huh ?* Cette pensée lui fit serrer la mâchoire de colère mais elle resta immobile. Que pouvait-elle y faire ? Elle était prisonnière. *Prisonnière...*



La fumée se dissipait lentement sur l'air de test S-01. Le personnel de la base courait dans tous les sens, les infirmiers tentant tant bien que mal de rassembler les blessés tandis que la force de sécurité de la base encerclait la jeune fille.

"Au rapport !"

"La moitié des installations sont hors-service. Le personnel à proximité de la zone de test n'a pas survécu à l'assaut du sujet."

"Je ne suis pas aveugle, imbécile ! Qu'est-il passé par la tête du petit monstre ?!"

"Le... le programme de mise à mort s'est déclenché normalement sans... s-sans aucune résistance de sa part, s-sir."

"Vous vous foutez de moi !?! D'où sort ce foutoir alors !?!"

"Les... l-les nanomachines, sir... Elles sont... instables... La s-symbiose semble altérer leur comportement. Nous... nous soupçonnons la naissance d'une... d'une..."

"D'une quoi !!?!!"

"D-d'une entité autonome, s-sir. Qui échappe au c-c-contrôle de la... la petite..."

Le scientifique ouvrit des yeux ronds, complètement éberlué par ce nouveau paramètre du projet DaEMoN. Puis lentement, très lentement, un sourire cruel se forma sur ses lèvres fines et son regard couva l'enfant alors qu'un groupe d'homme l'enchaînait à nouveau.

"Alors c'est parfait..." Murmura-t-il tandis qu'on endormait la petite bombe à retardement d'un coup de crosse à la nuque.



Les yeux de l'étrange Méta s'ouvrirent subitement lorsqu'elle ressentit à nouveau ce picotement dans le bras droit. D'un geste sec elle leva sa main devant son visage pour l'inspecter tout en surveillant les nanomachines de près. *Pourquoi sont-elles si instables... ? Comment font-elles pour outrepasser mon esprit ?* Ses yeux restaient focalisés sur sa main, comme en transe. *Je ne vous laisserai plus me dominer, petites pestes !* Avec ça Daemon ferma le poing, une expression déterminée durcissant son visage.

[ HRP: Wa désolé je suis tête en l'air. Ce que j'ai écrit ne signifie donc rien. En tout cas je ne ferais plus la même erreur. ]

Au moment où Ichika se retourna pour regarder si ses collocataires étaient aptes de rester seules, Ilya était assise sur le fauteuil. La Zolcar fut surprise de la voir assise, de plus que l'on remarquait que son étât ne s'était pas amégliorer. Alors pourquoi avait-elle fait l'effort de se rasseoir.
* Cette petite est vraiment courageuse. Elle en a une force! *
Ichika continuait de la fixer pour voir si celle-ci allait lui répondre qu'elle pouvait aller faire une douche tranquillement et qu'elle ne devait pas se soucier d'elle, mais...
"Je peux te poser une question Ichika?"
La bouche d'Ilya s'entrouvera pour laisser sortir cette petite phrase. Malgré l'incroyable envie d'Ichika d'aller se laver, cette dernière se retourna complètement et sourit à Ilya :
" Si ta question ne regarde pas mon accoutrement ou ma disparition depuis ces 4semaines, alors je t'écoute. "
Ilya baissa la tête. C'est vrai, Ichika ne voulait pas être mal polie, mais il y avait tellement de gens qui lui avaient posé les mêmes questions sans réponse, que sa tête allait explosé. La Zolcar dit alors :
" Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. On me l'a demandé plusieurs fois agressivement, mais moi je ne sais pas bordel... Ecuse moi, je ne veux pas être vulgaire, c'est juste que...c'est juste que comme je ne le sais pas moi même...ben...sa m'enerve..."
Ichika baissa la tête à son tour. Est-ce qu'Ilya voulait lui poser une toute autre question?

En attendant la réaction de la petite infirme, Ichika regarda machinalement du côté du lit de la fille aux cheveux roses. Elle semblait perdue dans ses reflections en fixant son bras qui avait, quelques instants plus tôt, échappé à son contrôle. Décidément...

Ichika regarda de nouveau Ilya et il y eut un moment de silence profond...

Le picotement persistait. Lentement elle détendit sa main et la serra, répétant la chose plusieurs fois tout en restant attentive aux paroles d'Ichika. Elle n'avait pas l'intention d'intervenir dans leur conversation. Sans trop savoir pourquoi, elle avait l'impression que son intervention n'aurait pas été à sa place. Peut-être pensait-elle qu'elle n'était pas à sa place ici... Et c'était peut-être vraiment le cas.

Les nanomachines s'affolaient une fois de plus. Celles de son bras commençaient à changer, passant en mode de mutation. Fronçant les sourcils, Daemon les laissa faire : elle était curieuse de voir ce qu'elles allaient lui inventer cette fois-ci. Peu à peu la structure de son bras changeait du tout au tout.

Toutefois lorsque Ilya posa sa question, la jeune Méta ne put retenir un ricanement à mi chemin entre la moquerie et le dédain. Les hommes... et leur soit disant dieu... *Une fois l'un des scientifiques a mentionné leur dieu ainsi que celui qui était son alter-égo maléfique. Il disait que j'étais sa réincarnation, sa bête... son monstre...* Daemon émit un autre bruit de gorge dédaigneux puis finit mentalement : *Quelle bande d'abrutis, tous autant qu'ils sont !*

Son bras la ramena au présent et toutes autres choses furent oubliées pour elle. Elle ignora la chambre et se concentra sur la structure changeante de son bras, ses os se modelèrent différemment et sa chair prit l'aspect de l'acier. Peu à peu sa main se modela en lame et s'allongea, tout son avant bras devint aussi lourd que l'acier trempé. Elle avait supervisé la transformation sans l'interrompre : son rapport au nanomachines était tellement complexe, haineux et affectueux. Vraiment, Daemon était un sujet d'expérience plus qu'étrange par moment. Le changement de poids n'eut pas l'air de la déranger outre mesure : son bras ne trembla même pas. Après tout, elle avait l'habitude de tout ça : son entraînement intensif dans les laboratoires de la NESC servait à ça après tout.

Son bras était à présent une sorte d'épée à double tranchant, légèrement courbe et d'une couleur rappelant vaguement l'argent mais en plus terne. L'étrange Méta passa son autre main sur le plat de la lame froide en réfléchissant silencieusement. Les nanomachines avaient parfois un drôle de comportement. Comme si elles cherchaient à délivrer un message...

"Pourquoi l'épée ?" Souffla d'une voix à peine audible Daemon.

Durant un instant elle eut l'étrange impression d'un murmure au creux de ses oreilles.

Pour la justice, jeune diable.

Cela la fit sursauter, l'envoyant presque à terre tandis qu'elle faisait attention de garder la lame hors de porté de quoi que soit : pour son premier soir elle n'allait pas refaire la déco de la chambre tout de même... La même voix rit doucement dans son esprit. Dieu que c'était perturbant !

Ichika releva la tête brusquement, comme si la question qu'avait posé Ilya n'était pas à sa place, comme si cette question la choquait. Lorsqu'elle entendu le ricanement de l'autre colocataire, Ichika compri qu'elle n'était pas la seule à ne pas prendre au sérieux l'existence d'un certain Dieu chez les hommes. Cependant elle lança un regard noir à la jeune fille au cheveux roses, regard qu'elle n'aperçut pas étant concentrée sur son bras qui se déformait visqueusement. La petite infirme avait mis tout son courage pour poser cette question, elle semblait haletante, comme si la réponse qu'Ichika lui donnerait aurait été une révélation et aurait ainsi par la suite guider son propre chemin.

Ichika hésita. Elle ne voulait de loin pas la faire souffrir, mais la franchise était le défaut majeur d'Ichika. Allait-elle réussir à mentir pour le bien de son amie? * Pourquoi devrais-je lui dire qu'un Dieu existe et que ce Dieu protège toute les créatures vivantes. Que ce Dieu nous aime. C'est insensé vu le malheur de ce monde. Il faut que je lui dise ce que je pense. C'est ainsi que je ferais son bien, et non autrement. *

Ichika regarda la jeune infirme avait un regard triste mais décidé :
" Il n'y a pas de Dieu Ilya. Aucun Dieu n'existe. Personne ne nous protège. Nous sommes seules dans ce monde et c'est à nous de manier notre destin. Nous en sommes maître. Ceux qui croyent en un Dieu son stupides, ils ont peur et essayent de se cacher sous cette figure du Dieu puissant et protecteur. Cela ne signifie rien. Chez les hommes c'est pareil. Ceux qui croyent en un Dieu sont faibles. Les plus redoutants sont ceux qui croyent en leur propre force. Tu dois faire comme eux, Ilya."

Après ce discour qui faisait très intellectuel, Ichika continua de gardé son visage levé comme signe d'intelligence et de domination, mais lorsqu'elle regarda malencontreusement du coté de l'autre colocataire, elle ne put s'empeché d'abattre son visage et laissé apparaitre une expression de dégout et d'exténuation.
" Je suppose que ce genre de situation ne doit plus être à redouter. Cela sera une coutume chaque jour à partir de maitenant. Aujourd'hui c'est ton bras qui se transforme en épée, demain ta jambe deviendra un canon et qui sait peut-être que dans pas lontemps ta tête sera une grenade... Je ne m'en étonne même plus."

Ichika ne savait pas si la fille aux cheveux roses l'avait écoutée, mais pour dire la vérité elle s'en foutait un peu. Elle était juste exténuée, et l'espace d'un instant elle avait oublié la réponse qu'elle venait de donner à Ilya...

La voix était toujours là. Ses manifestations étaient rares mais elles n'étaient pas étonnantes pour elle. Du moins plus maintenant. Il lui manquait tellement de pièces du puzzle, il y avait encore tant de zones d'ombres que Daemon avait parfois l'envie de baisser les bras, de tout abandonner ici et maintenant pour ne plus jamais avoir à supporter tout ça. Mais... Avait-elle le droit de baisser les bras ? Si jamais il existait une chance, la moindre petite chance d'arranger les choses... Peut-être que tout ça en valait la peine, dans une certaine mesure.

Les paroles d'Ichika s'enregistrèrent d'elles-mêmes dans sa mémoire, récoltées automatiquement par les nanomachines. Et les entendant, elles lui firent mal. Bien mal. Mais elle ne le montra pas parce qu'après tout, elle ne pouvait pas l'en blâmer. Elle avait tant l'habitude d'être rejetée, crainte, haïe pour ce qu'elle était. *Comme si je l'avais souhaité.* Se dit la Méta amèrement.

Toutefois la réaction d'Ilya la fit ciller. La jeune fille avait-elle vraiment cru qu'ils l'avaient relâchée comme ça, un beau jour par simple pitié ? Quelle naïveté... Ou quel optimisme. Là encore, elle ne pouvait l'en blâmer. Elle ne devait aucune explication à personne, de cela, Daemon en était persuadée mais d'un autre côté... Les deux jeunes femmes allaient vivre avec elle, les laisser dans l'ombre ne serait pas... juste, comme l'avait préconisé la voix. Elle allait leur expliquer : parce que la voix était sage et parce qu'elle le voulait vraiment, il fallait que certains sachent.

"Très bien..."

L'étrange Méta se redressa et adopta une position assise tandis que les nanomachines reprenaient leur forme normale à sa commande. L'épée disparue aussitôt, laissant la place à son bras. Bientôt, plus aucune trace de l'incident n'était visible. Daemon s'approcha d'Ilya et posa une main légère sur son épaule, la serrant doucement. Un geste maladroit pour tenter de la réconforter et ses yeux se fixèrent sur Ichika pour lui donner sa réponse :

"Je ne suis plus humaine depuis bien longtemps, je suis une Méta Machine et oui, ce genre de chose est monnaie courante pour moi. Et non ce n'est pas une coutume, c'est une habileté. Je décide du changement et de sa forme, les petites pestes font le reste. Mais..."

Daemon tourna son regard vers la jeune infirme et s'agenouilla près d'elle sans lâcher son épaule.

"Je suis la création des hommes. Si les hommes ont un Dieu, Ilya, il doit être bien triste face à tant de folie. Elle n'a pas tout à fait tord. Car si ils possèdent vraiment ce Dieu, ils ne le méritent pas. Et... Je ne sais pas jusqu'à quel point ils ont fait de moi ce monstre dont tout le monde parle, mais une chose est sure : je ne laisserai pas ce monstre me dominer. Quel qu'en soit le prix. Alors... s'il te plait, sèches tes larmes. Tout va bien..."

Oui certaines choses restaient encore dans l'ombre mais au fond, Daemon n'en était pas inquiète : tant qu'elle faisait confiance à son instinct, elle pourrait toujours s'en sortir. Ses yeux passèrent de l'une à l'autre des jeunes filles. Surtout si elle avait des amies sur qui compter. Des âmes pour lesquelles se battre...

La petite infirme semblait décontenancé après avoir écouté la réponse d'Ichika. Elle ne voulait sûrement pas qu'Ichika réponde de cette façon, mais cette-dernière n'avait pas pu s'en empêcher. Elles étaient maintenant amie, même si pour la Zolcar s'était difficile à y croire car comme amie jusqu'ici elle n'avait eu que Koyomi, elle avait appris à ne se fier à personne et ne s'était attaché à personne non plus. Vu leur amitié, Ichika se devait de faire preuve de courage et de franchise envers celle qui semblait être si frêle et en plein apprentissage de la vie.

L'autre colocataire s'était à présent levé car en effet Ilya après avoir vu sa transformation avait balubtié quelque chose d'incompréhensible pour Ichika et avait fondu en larme. * Suis-je donc la seule ici plus ou moin normale, à ne pas avoir des problèmes psychiques ou physiques ? Pourquoi suis-je dans cette galère! Mais qu'ais-je fait pour mérité ça? * Ichika allait s'avancer vers Ilya mais la jeune fille au cheveux roses l'avait devancé. Elle avait une main sur l'épaule de la petite et elle regarda Ichika :
"Je ne suis plus humaine depuis bien longtemps, je suis une Méta Machine et oui, ce genre de chose est monnaie courante pour moi. Et non ce n'est pas une coutume, c'est une habileté. Je décide du changement et de sa forme, les petites pestes font le reste."
* Wa une meta-machine. J'ai toujours voulu en connaitre une pour essayer de me mesurer à elle et entrainer ainsi ma force physique. Cela doit être super n'empêche ! * L'excitation d'Ichika pu se noter peut-être qu'une seconde car l'instant après elle tirait une tête des plus étranges, totalement contraire à sa pensée. Ichika detestait montrer ses réels sentiments, elle n'allait surtout pas dire à cette inconnue qu'elle était jalouse d'elle. Ah non. En se forçant d'adopter une attitude contraire à ce qu'elle ressentait Ichika n'entendit pas ce que la méta disait à Ilya, sauf ses dernières paroles :
"Alors... s'il te plait, sèches tes larmes. Tout va bien..."
Ichika pensa alors que la petite Ilya pleurait pour une raison qui regardait la fille aux cheveux roses et ne se permit donc pas d'intervenir. L'important pour elle s'était que la petite aille bien. Oui c'était ça l'important.

Ilya leva la tête et regarda Daemon d'un regard si profond et doux. Cela aurait pu presque sembler une photo, une image dessinée pour essayer de faire passé ce sentiment étrange qu'est la confiance et ... l'amour. Ichika baissa la tête. Décidément depuis qu'elle était rentrée de "Je ne sais où" elle baissait souvent la tête. En regardant Ilya, elle se dit que pour elle, elle devait faire un effort et se montrer plus polie avec cette nouvelle arrivante. Si Ilya l'appréciait, alors Ichika allait la respecté. Oui, la respecter c'était amplement suffisant pour le moment.
" Je m'appelle Ichika, Ichika Kikukawa. D'après les gérantes et les hotes de la station j'appartiendrais à la race Zolcarienne. Et toi ? Comment t'apelle tu ? "

Daemon avait rendu son long regard à Ilya, mal à l'aise dans le court silence qui s'était manifesté. Elle ne savait pas si elle avait sorti les bons mots, ceux qui sauraient apaiser la jeune fille suffisamment pour qu'elle soit de nouveau comme un peu plus tôt. Un peu moins préoccupée. Mais... La Méta n'était pas dupe : elle n'avait jamais été bonne pour ça. Elle avait eu tellement peu de contacts avec quiconque. Seuls les Scientifiques les plus importants étaient autorisés à s'adresser à elle durant ses courtes phases de réveil. Autant dire rarement.

Quand Ichika se présenta, Daemon lui fit face en manquant par là même la main que porta Ilya à sa poitrine.

Une zolcarienne... zolcarienne. *De Zolcar...* La jeune Méta fronça les sourcils brièvement à cette nouvelle. Elle avait peu de données sur cette race. Tout comme elle avait peu de données sur les autres races que la race humaine et, dans une moindre mesure, les Méta Machines. Cela la décontenança suffisamment pour qu'elle marque un court temps d'arrêt avant de répliquer. Temps d'arrêt durant lequel elle réfléchit aussi à l'attitude d'Ichika envers elle depuis son entrée dans la chambre. *Elle n'a pas l'air de m'apprécier outre mesure... Ca n'a rien d'une nouveauté mais c'est à chaque fois tellement injuste...* Daemon poussa alors un long soupir avant d'accrocher un fin sourire sur ses lèvres : la zolcarienne ne l'appréciait peut-être pas mais elle-même n'avait rien à lui reprocher.

"Ravie de vous rencontrer, Ichika."

Daemon comme à son habitude s'inclina légèrement face à elle. Vraiment, les habitudes étaient dures à oublier : se sont les scientifiques qui l'obligeaient à s'incliner devant eux.

"On m'appelle Daemon faute de mieux. Je suis une Méta Machine donc... la seule créée par les hommes à ma connaissance."

Voilà qui était fait. Elle ne savait vraiment pas quoi dire d'autre et honnêtement, elle doutait sérieusement que ce qu'elle pourrait dire intéresserait la zolcarienne. Maintenant, Daemon n'avait plus qu'à prier pour que la jeune femme ne lui mette pas 20 cm d'acier dans l'abdomen. On pourrait croire que cette pensée était exagérée ou infondée mais son expérience lui avait prouvé le contraire. Non seulement la douleur était pénible mais en plus c'était lassant... à force.