Just an annoying thing

[Salle de détente]

L'écriteau sur la porte était relativement visible, bien coloré, et il était difficile de le rater. La salle de détente, voilà un endroit qui faisait resurgir de nombreux souvenirs chez la petite infirme... Souvenirs qu'elle avait décidé de ne pas se remémorer pour aujourd'hui, histoire de se relaxer, de décompresser, et de penser à toute autre chose pendant une journée.

En ce dimanche matin, c'était ce qu'avait décidé Ilya. Se reposer dans la salle de détente. Rien de bien particulier, mais à trop s'en faire pour les autres, elle s'était oubliée... Alors, ne rien faire pendant une journée entière dans une salle de détente calme et paisible lui convenait tout à fait. Et peut être que le rotemburo derrière cette dernière lui apporterait la relaxation qui lui manquait... Le repos de l'esprit passait par le repos du corps après tout.

Exceptionnellement, elle était venue seule. Pas de machine robotisée parasite qui lui ouvrait la route, ni ne la suivait. Et de toute façon, elle n'en avait pas besoin. Elle savait se repérer maintenant, depuis le temps qu'elle était ici... Ilya ne s'en doutait pas, mais elle avait légèrement muri... Pas grand chose, mais suffisamment pour ne plus s'enfuir à la vue d'une personne étrangère, voir d'une situation inhabituelle qui la déplaisait. Les disparitions des femmes qu'elle avait rencontrée faisait aussi partie de cet état de fait...

La petite infirme poussa la porte, ouverte grâce à une petite barre métallique qu'elle cachait dans son accoudoir de fauteuil, petite barre dont elle se servait pour atteindre la poignée. Ainsi, plus aucune chance d'être bloquée, ou encore de se faire aider. Rapidement, la petite Ilya et son indissociable fauteuil roulant avançèrent dans la salle, regardant la magnifique décoration qui y était visible, mais que l'on pouvait sentir aussi, de part une odeur ambiante sûrement constituée de parfums et autres choses agréablement choisies. Elle vit un piano, et juste à côté, un long fauteuil. C'était ce qu'il lui fallait.

S'en approchant, Ilya se leva par la seule force de ses bras de son support roulant, pour s'assoir doucement dans le grand canapé... Elle poussa rapidement le fauteuil non-loin, qui roula un ou deux mètres avant de s'immobiliser contre une table basse. Il n'était pas loin, juste à portée de bras, et de toute façon elle n'en n'avait pas besoin pour un moment...

La petite Ilya resta assise quelques minutes, passant son temps à scruter les environs, puis elle s'allongea en souriant. Rares étaient les instants où elle pouvait enfin se relâcher, ne plus penser à rien, se reposer... Sa chambre ne lui permettait pas une telle chose, car elle lui semblait étouffante... Même si cela n'était pas réellement le cas... La petite infirme ferma les yeux, mais ne dormait pas... Juste se reposer... Un peu...

Roncenoire arpentait les couloirs, sans but juste pour découvrir la station maintenant qu'elle avait sa chambre. elle répondait aux regards interrogatifs posés sur elle par un léger grognement et une attitude nettement agressive, cela suffisait pour le moment. Au bout d'un certain temps elle finit par arriver devant une porte plus engageante que les autres une inscription y était marquée, ne sachant lire (et encore moins l'humain), cela intrigua la Furria. Elle mis un certain temps avant de parvenir à ouvrir la porte. La salle assez grande était particulièrement reposante, pas de néons, pas de vrombissements de machines, juste un éclairage tamisé, un bruit d'eau ruisselant, des plantes et du mobilier de couleurs pastels. Soupirant de soulagement d'avoir trouvé une salle tant soit peu agréable pour elle qui n'avait connu que la vie au grand air, elle s'engagea sans porter d'attention à la personne déjà présente et se dirigea vers le distributeur de boissons et friandises... Qui lui céda deux sodas et un paquet de bonbons après quelques coups violents sur le côté de la machine de la part de la femme chat. Roncenoire passa rapidement pour prendre des livres d'images (le fait qu'il s'agissait d'ouvrages pour enfants ne lui passa pas à l'esprit) et se laissa tomber sur un canapé qu'elle envahit de toute sa longueur avec son butin.

[Désolée pour le retard! T_T]

Ilya rêvassait quelque peu, perdue à mi-chemin entre un état de somnolence et un état d'esprit semi-éveillé. Cela se concrétisait au final par un faux sommeil, où le corps trompait finalement l'esprit, qui ne comprenait plus la situation. Ce genre de phénomène -plus psychologique que physiologique- arrivait souvent à la jeune fille, surtout quand elle était relativement épuisée. Ce qui n'était pourtant pas vraiment le cas aujourd'hui...

Pendant ce genre de période -où son corps s'engourdissait lentement- ses pensées s'entremêlaient, des souvenirs innombrables et des évènements aussi importants qu'incongrus se mélangeaient dans un délire psychédélique, loufoque et incompréhensible par instants, féeriques et merveilleux d'autres fois. Il n'était pas rare qu'elle fasse attention à son environnement dans ce genre d'instants, même si pour les autres, elle semblait dormir doucement. Rien ne lui empêchait d'entendre et d'écouter, voir de répondre...

Ainsi elle restait comme cela, allongée sur le côté, dos au fauteuil, visage tourné vers le centre de la pièce. Ce dernier se crispa quelques secondes lorsque du bruit se fit entendre dans la salle pourtant vide auparavant... Du moins, à la connaissance d'Ilya...

Instinctivement, elle émergea, ouvrant les yeux, et vit ainsi une personne, allongée sur un autre fauteuil non loin d'elle, avec quelque peu de matériel. La petite infirme n'eut pas le temps de s'attarder sur ce que possédait la jeune femme que déjà ses yeux se dirigèrent sur les oreilles de cette dernière, qui émergeaient de sa chevelure...

Ce fut un réel blocage pour la petite infirme, et ses pupilles grises fixèrent ainsi l'étrange personne avec curiosité mais aussi avec incompréhension... Elle n'avait encore jamais vu personne comme cela... Bien sûr, cela pouvait être un déguisement... Mais il n'en restait pas moins que la petite Ilya fixait ainsi la jeune femme, le tout dans une scène qui en rappelait déjà tant d'autres, signe que l'histoire se répète toujours pour les personnes les plus ignorantes...

Roncenoire regardait toujours les images du livre, elle compris rapidement qu'il s'agissait de l'histoire d'une petite humaine visitant la station, elle put ainsi en savoir un peu plus dans cet étrange endroit où dorénavant elle vivait. De temps à autres des confiseries ou des biscuits apéritifs était engloutit dans sa bouche sans le moindre savoir-vivre, laissant parfois échapper un petit ronronnement de contentement. Elle resta ainsi une bonne dizaine de minutes lorsqu'elle réalisa une chose: on l'observait. Les ronronnements s'arrêtèrent subitement tandis que sa queue fouettait l'air. La furria tourna la tête vers l'inconnue et lui cracha avec agressivité quelques mots:

"Tu veux quoi?"

Ensuite elle se contenta de dévisager la jeune femme avant de retourner dans son livre.

Alors que la petite infirme était perdue dans ses pensées, la jeune femme lui adressa quelques paroles agressives accompagnée d'un regard inquisiteur... Ilya avait une nouvelle fois agit de travers, mais c'était la première fois que cela se passait mal...

A vrai dire, ce n'était pas seulement les extrémités pointues dépassant de la chevelure sombre de la jeune femme qui l'avait tant intriguée, mais surtout le physique entier de cette dernière... Autant la couleur de sa peau était peu commune qu'autant il en était de même pour la couleur de ses yeux... Mais après les quelques mots de la jeune femme, plus qu'agressifs, Ilya pu constater que son regard ressemblait à tant d'autres finalement... Un regard dur, impénétrable, ayant vu des atrocités sans pareil... Beaucoup de personnes avaient ce regard sur la station, notamment les soldats...

Mais quoi qu'il en était, elle avait manqué de respect à cette jeune femme, et le fait que les dernières s'étaient bien passées ne signifiait en rien qu'elle avait ainsi le droit de dévisager les gens. Aussi, sa réaction première fut de se baisser un peu en avant et de dire:

"Je... Je suis désolée.... Excusez-moi..."

Ilya soupira doucement, ne sachant pas si elle s'était excusée correctement et suffisamment aux yeux de la personne qu'elle avait dérangée... Elle gardait le regard bas, ne voulant plus croiser celui de celle qui lui faisait face de peur de l'agacer d'avantage... Agacement légitime, bien sûr...

La petit infirme regarda sa main droite, qui tremblait comme une fois. Elle eu un petit sourire adressé à elle-même, et pensa:

*Je pensait m'être endurcie, mais ce n'est apparemment pas le cas... Il faut que quelqu'un hausse la voix et..."

...Et elle se mettait à trembler comme une feuille... Cela était relativement décevant, elle, qui pensait avoir un peu changé après avoir trouvé ses résolutions principales... Elle était faible, elle le savait, mais elle pensait sincèrement avoir changée... Ce qui n'était finalement pas le cas...

La furria était déjà retournée dans son livre, lorsque les paroles lui arrivèrent, transpirant le doute, la marque des faibles. Intérieurement Roncenoire se moquait déjà de l'inconnue. Elle aurait pris à partit la jeune fille, mais du grabuge aurait attiré l'attention et pour le moment seul le secret des armes humaines avait de l'importance. Pourtant cela aurait été si facile, le stress et l'agitation nerveuse donnait à l'humaine une odeur assez caractéristique, il suffirait de peu pour que cette odeur devienne celle de la peur... L'inconnue tremblait, Roncenoire poussa un soupir de de dégout. Dans un mouvement fluide et félin, la "porte-misère" se releva et arriva sur celle qui sera sa proie. Elle se dressait de toute sa hauteur tandis qu'une de ses mains frappa le dossier canapé de relaxation où l'humaine était encore allongée, lui retirant tout possibilité de fuite. La furria lui adressa son regard le plus noir avant de commencer son harcèlement moral:

"T'as dit quoi? J'ai pas dû bien comprendre..."

Ilya était perdue dans ses pensées lorsque la main de la jeune femme frappa le dossier du canapé à côté d'elle, la sortant de ses réflexions et la faisant sursauter. Elle ne l'avait même pas vu venir, tellement elle avait été discrète... Ce n'était pas normal, du moins, pas aux yeux de la petite infirme... Elle aurait normalement été capable de sentir au moins que cette dernière approchait, mais non. Rien n'avait été décelable, et cela la déstabilisait au plus haut point...

Puis vînt les paroles de la jeune femme, toujours aussi menaçantes, mais aussi son regard... Un regard noir, si noir qu'il glacerait le sang de n'importe qui. C'était la première fois depuis qu'elle était sur la station qu'elle avait droit à un telle animosité de la part de quelqu'un... Du moins, de manière aussi directe... D'habitude tout s'arrangeait par une aide extérieure... Daemon ou Ichika arrivaient et...

Mais elles n'étaient pas là... Et la salle de détente était désespérément vide. Ilya était seule, et c'est lorsqu'elle le réalisa qu'elle commença réellement à avoir peur. Ses deux mains tremblaient, incontrôlables, mais elle se devait de répondre à son interlocutrice... Peut être avait-elle mal entendu... Si ce n'était que cela, il fallait vite réparer les choses...

Ilya pencha un peu la tête, et parla d'une voix faible mais claire... C'était surprenant, mais sa voix était la seule chose qui ne semblait pas trembler:

"Je suis désolé... Je ne voulais pas vous offenser..."

La petite infirme pensait avoir dissipé le malentendu... Mais l'atmosphère avait quelque chose de lourd... Quelque chose de désagréable... Quelque chose qui ne plaisait pas à la petite infirme... Et malgré elle, son visage et son cœur exprimait ce fameux sentiment de crainte, de peur, que l'on ressentait lorsque l'on est face à une situation où l'on est impuissant...

Ilya regarda furtivement sous le bras de l'inconnue... Elle pouvait voir son fauteuil roulant, non-loin... Mais la route était barrée. Elle avait peur, oui, mais elle pensait toujours que le malentendu pouvait encore être évité...

La jeune fille s'excusa de nouveau, Roncenoire sortit ses griffes et et commença à déchirer le dossier du canapé comme seule réponse. Intérieurement la furria jubilait, sa proie transpirait la peur, encore un peu et elle craquerait et pleurerait devant la femme-chat. Puis il y eu le regard. La brute fit mentalement un plan de la salle, ce regard portait vers un fauteuil à roues. pourquoi ce fauteuil? Roncenoire énuméra toute les possibilités: une arme ou un moyen autre de sortir de cette situation y était caché, une ruse ou une tentative de bluff. Dans tout les cas s'en était finit du petit jeu. sa proie se rebiffant visiblement et refuserais de craquer. La femme-chat préféra finir de lacérer le canapé et avec un geste d'une douceur surprenante caressa la joue de sa victime avec son index, griffe rentrée. Roncenoire souriait à sa victime en susurrant ces quelques mots:

"Excuse-moi petit chaton..."

Alors que la petite infirme attendait une réponse -favorable elle l'espérait- de la jeune femme, celle-ci déchira d'un geste simple et précis le dossier du canapé qu'elle avait déjà entaillée précédemment. Devant une telle réponse, Ilya était tenaillée par la peur et l'étonnement. Dans un premier temps, elle se mit à croire que comme Ichika, la jeune femme possédait des lames ou des poignards cachés dans ses mains. C'était les outils de meurtre préférés de son amie, et selon elle, c'étaient les meilleurs... Il ne devait sans doute pas être rare que quelqu'un emploie au final les mêmes méthodes qu'elles...

Mais ce que son interlocutrice venait de faire, ne s'apparentait pas à ce qu'Ilya connaissait déjà... Sa main était revenue à la normale après la déchirure, dont la marque ressemblait furieusement à une griffure, provoquée par nombre d'assaillantes aiguisées... Et si... C'était des griffes? A vrai dire, les oreilles, le comportement félin et les capacités de la jeune femme conduisaient à penser de telle manière qu'accepter l'éventualité d'une race féline et humaine était envisageable. Ilya n'y avait absolument pas pensé auparavant, car elle n'avait encore jamais rencontré, ni entendue parlé, de personnes de ce genre... C'était totalement nouveau pour elle...

Aussi, elle était intriguée, mais en même temps, effrayée. Mais l'agressivité de la jeune femme disparut en un quart de seconde, aussi soudainement qu'elle était apparue. Puis vînt ce geste délicat, douce caresse sur la joue de la jeune fille, et cette phrase, cette excuse... Ilya ne s'y attendait absolument pas, et elle était assez déboussolée. L'atmosphère était maintenant bien plus différente que toute à l'heure, mais on sentait que la petite infirme n'était pas à l'aise. Encore un peu sous le coup du revirement de situation, elle prit néanmoins la parole:

"Non... Votre réaction a été juste... C'est une mauvaise manie que j'ai depuis que je suis sur la station... Excusez-moi à nouveau...""

La voix de la jeune fille avait quelque chose d'un peu "faux", mais ses paroles avaient étés sincères, à défaut d'être claires... Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle soupira doucement, soulagée que la situation revienne à des hospices plus favorables... Il n'empêche que cette sensation de "mal-être" perdurait chez la petite Ilya, probablement du fait de la nouveauté de la situation...

Les yeux de Roncenoire se plissèrent devant la réponse, encore une marque de faiblesse. La furria commençait à comprendre la situation: la jeune fille lui portait la même "attention" que toute les autres de sa propre espèce. Son sang commença à bouillir. Elle se rappelait la guerre que sa tribu menait juste à cause de la couleur de sa peau. Son regard devenait plus dur tandis que la haine refaisait surface, son index continuait de caresser le visage de la douce inconnue tandis que la griffe sortait, glissant sur la joue. Roncenoire abandonna son sourire pour une attitude beaucoup plus sombre mais sans le plaisir qu'elle éprouvait il y avait quelques minutes:

"Continue, explique moi, petite créature geignarde..."

La femme-chat sentit le sang tambouriner à ses tempes, l'adrénaline montait, elle était prête à tuer... Et le faisait clairement comprendre par son regard maintenant empli de haine. Le jeu était fini...

Ce qu'elle sentait sur sa joue était toujours une caresse, mais une caresse froide, bien différente qu'auparavant... Le regard qu'adressait la jeune femme à la petite infirme ne faisait aucune équivoque, car il était vraiment facile d'en comprendre le sens... Un regard encore plus haineux que celui qu'Ichika lui avait adressé une fois... Un des nombreux moments qu'elle voulait oublier... Et qui malheureusement pour elle se reproduisait à l'instant même.

Ensuite vînt la phrase. Assassine, et menaçante. Ilya n'avait plus du tout le cœur au soulagement: Elle était terrifiée. Où avait-elle fait une erreur? Elle ne comprenait absolument pas ce qu'elle avait fait, et elle pensait que le problème avait été dissipé... Ce qui n'était apparemment pas le cas.

Sous la tension soudaine qui avait emplie l'atmosphère, la petite infirme s'était calée le plus possible contre le dossier du canapé, comprenant sa limite dans ses possibilités de fuite. Elle osa après un silence pesant:

"Je... Je ne... Je ne voulais pas... C'est... une mauvaise manie... Que j'ai quand je rencontre.... Une personne... Je ne pensais pas... à mal..."

Ilya ne pouvait décemment pas avouer qu'en réalité, elle se perdait souvent dans les yeux des inconnues, par laisser-aller poétique... Voir mélancolique. Elle n'avait d'ailleurs jamais vraiment comprise cet état de fait... Mais une chose était sûre: son cœur battait la chamade, sa respiration s'accélérait, ses mains s'agrippaient au canapé... Elle connaissait ce sentiment...

"...Excusez-moi.... Je... Vous me faîtes... un peu peur..."

Cette phrase était bien entendue très loin de la vérité, et la vérité était plus que visible aux travers des réactions physiques d'Ilya...

Roncenoire avait de la peine à se contrôler, tout lui disait de lacérer cette jeune impudente pourtant cela signifiait se mettre à dos les humaines... Dur choix pour elle. Après quelques secondes où leurs regards s'échangèrent, la furria choisit de ne pas laisser passer l'insulte, mais sans faire couler le sang. cette petite lui implorerait le pardon. Avec violence ses griffes frappa le dossier du canapé de chaque côtés de la tête de la fille, déchirant le cuir comme du papier, tandis que son visage était si proche de celui de l'humaine qu'elle le frôlait presque. Puis il y eu le mouvement de recul... Roncenoire commença a comprendre... les geste lourds du bas du corps, le fauteuil à roues, pourquoi... l'infirme ne pouvait se lever du canapé. Achevant le canapé la femme-chat se releva de toute sa hauteur, un rictus mauvais sur les lêvres:

"Alors on peux pas fuir?"

Un rire éclata dans la salle de détente.

"Tu as peur? C'est bien car ce n'est que le début, tu as deux choix: soit tu arrive à sortir d'ici vivante, soit tu m'expliques ce que tu ne voulais pas et ce à quoi tu pensais en priant pour que ta réponse me plaise..."

(Petite annotation: je sais je fais dans le sadisme, mais bon pour une fois je voulais jouer un personnage anti-bisounours et "mauvais" mais il est possible de forcer son respect et donc de s'en faire avec des efforts une amie^^)

Rapidité, efficacité. Deux critères qui correspondaient à merveille avec les capacités de la jeune femme. Déjà, avant même qu'Ilya n'ait eut le temps de le réaliser, le dossier auquel elle était adossé n'était presque plus que lambeaux épars, déchirés avec une facilité incroyable.

C'est là qu'elle comprit, que son interlocutrice ne plaisantait pas. La haine, la dureté de son regard, ses mouvements... L'envie de tuer. C'était donc ça, cette atmosphère pesante... Une atmosphère néfaste, mauvaise, où seule l'intention de d'attenter aux jours des autres était perceptible... Rien d'autre.

Ilya se sentait mal. Jamais elle n'avait pensée revivre telle situation sur la station, lieu, pensait-elle, bien plus civilisé que la Terre. Mais la jeune femme s'amusait, c'était maintenant sûr, avec la petite infirme. Un jeu mortel, comme le chat qui joue avec la souris... Jusqu'à ce qu'elle meurt et devienne ennuyeuse...

De toute façon, elle n'avait pas d'échappatoire. Mieux valait dire ce qu'elle savait plutôt que d'énerver d'avantage celle qui lui faisait face..

"En fait... Depuis que... j'ai été régénérée... j'ai ce problème.... Je... cela doit être mental... ou quelque... chose comme ça... Je fixe les personnes... dont les yeux sont d'une couleur belle et.. profonde... Je sais que je dérange les autres... Mais je... Je ne sais pas comment... m'en empêcher... Mais..."

Ilya inspira légèrement, son regard devînt plus sérieux, mais elle tremblait toujours autant:

"...Je ne prierai pas. Quand je le... faisait sur Terre... Personne ne m'écoutait ni... me répondait... Jamais..."

(Cela ne me dérange pas. C'est la première fois que j'ai droit à un RP aussi original sur Planet... Je me régale x3)

Roncenoire écouta chaque mots avec attention... le débit haletant de l'infirme, ses tremblements, sa voix sérieuse mais apeurée... Avec un regard de dédain le réponse arriva, aussi froide que haineuse:

"Ta réponse me plait pas, je déteste les faibles comme toi, toujours à geindre et à espérer qu'une autre viendra les aider, incapables de survivre avec leurs seules capacités... Tss... Tu me dégoutes, je me dit même que t'en faire voir plus serais te donner une raison de plus de te faire plaindre..."

La femme-chat persifla de frustration, l'inconnue avait réussis à sauver sa vie, mais surtout avais réussis à "calmer" l'instinct de tueuse de la furria. Laquelle se tourna et envoya promener le fauteuil quelques mètres plus loin avec un geste rageur. elle retourna vers le canapé où l'attendait ses friandises, boissons et les livres d'images. Elle se jeta dessus picorant des biscuits salés avec un regard noir destiné à la jeune humaine. Roncenoire guettait le moindre geste venant de cet "faible" être...

"Toujours à geindre", "toujours à espérer qu'une autre viendra t'aider"... Les paroles étaient dures, et Ilya en fut grandement touchée. Il était vrai qu'elle ne savait pas faire grand chose par elle-même, vivant au jour le jour dans la station, toujours avec quelqu'un pouvant lui venir en aide dans une quelconque situation. Et quand il n'y avait personne, alors elle abandonnait, passant à autre chose. Elle était très dépendante, et elle était sûre qu'elle le serait toujours même sans son handicap. C'était peut être dans sa nature... A moins qu'elle n'était devenue ainsi...

La jeune femme sembla frustrée, ou plutôt dégoutée. Elle fit volte-face, en envoyant balader un peu plus loin le fauteuil roulant de la petite infirme, et se réinstalla dans son canapé, grignotant ses friandises en fusillant Ilya du regard. Cette dernière garda le regard bas, ses mains étaient crispées sur sa robe, comme si la jeune fille voulait se rattacher à quelque chose. Elle n'aurait jamais du déranger la jeune femme, même si elle ne l'avait pas fait de sa propre volonté... Son fauteuil était maintenant bien trop loin, et la petite infirme ne s'imaginait pas ramper devant la jeune femme, elle perdrait le peu de fierté qu'il lui restait...

Tout cela n'avait aucun sens. Du moins pour Ilya... Faible? Oui, elle l'était... Sans son fauteuil, elle ne pouvait rien faire... Sans quelqu'un pour l'aider, elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait rien faire... Par elle-même...

"Toujours à espérer qu'une autre viendra t'aider..."

"Toujours à geindre..."

"Je déteste les faibles comme toi!"

La jeune femme... avait raison... Ilya était faible... Mais à chaque fois qu'elle se remémorait les paroles de cette dernière, une certaine frustration, une certaine colère, grondait au fond d'elle-même. Elle pensait que ce n'était que passager, que ce n'était pas important. Que quelqu'un viendrait, que quelqu'un lui ramènerait son fauteuil, qu'elle serait gentille, comme toutes les pensionnaires...

Ilya inspira doucement, et n'importe qui aurait pu penser que tout était redevenu normal, mais elle frappa soudainement l'accoudoir du poing, et parla en direction de la jeune femme:

"...J'en ai assez!!! J'en ai plus qu'assez!!"

Son regard alla se plonger dans celui de la jeune femme. Il était faible, larmoyant, mais sérieux...

"Tu crois que j'ai voulu ça? Tu crois vraiment que je l'ai désiré?? J'en ai assez que tout le monde me regarde comme une inutile! Je n'ai jamais voulue devenir ainsi! Jamais! Je ne peux même pas accomplir ce dont j'ai envie, à cause de ces jambes! Tu... Je n'ai jamais voulu.... ça..."

Le souffle haletant, le regard dur, la sensation d'avoir vidé son sac... Sa colère était perceptible, mais c'était plus contre elle même que contre la jeune femme... Elle ne savait pas vraiment où elle avait trouvée la force, non, la colère pour s'exprimer ainsi...

La tirade de la jeune infirme ne tira qu'un soupir de dégout suivit d'un lancé de bonbons contre elle de la part de Roncenoire. La femme-chat était écœurée de voir une personne avec autant de faiblesse...

"Encore à te plaindre? Si tu en as vraiment marre, prouve le!"

Afin d'appuyer ses propos elle regarda le fauteuil avec insistance pour que son message passe. Oui la porte-misère avait été rarement aussi sadique, voir cette geignarde incapable, selon elle, de ramper était un divertissement des plus séduisant. Pourtant au fond d'elle même elle se rappelais son enfance à patauger dans la boue pour fuir, s'humilier et être humilier pour survivre, l'infirme lui rappelait tout cela. Oui la force s'apprend mais le prix était toujours terrible et cela une humaine allait le découvrir... Avec un grand sourire Roncenoire regardait celle qui allait devenir à la fois son souffre douleur et son apprentie...

Une volée de friandises tomba sur la petite infirme, et déjà la jeune femme reprenait son air dégouté envers elle. Sans compter cette phrase, toujours aussi directe et froide. Ilya ne savait pas si elle avait craquée ou si elle se rebellait par elle-même, mais elle ne décolérait pas. Bien sûr, il y avait toujours ces quelques hésitations, ces petites larmes qui étaient retenues de justesse, ces petits tremblements... Mais la voix était de plus en plus assurée:

"Je... Je n'ai rien à te prouver... Ni à toi, ni à qui que ce soit d'autre..."

Ilya regarda à nouveau son fauteuil, au loin, puis son regard revînt se poser sur la jeune femme.

"Tu aimes ça? Torturer les autres, jouer avec tes proies... T'acharner sur les plus faibles... Je trouve ça risible... Tu me rappelles les hommes sur Terre..."

Les derniers mots étaient très durs, mais dans les souvenirs de la petite infirme, tous ceux qu'elle avait connus avaient exactement le même comportement que la jeune femme. Il s'amusait, fier et heureux de leur supériorité, se satisfaisant dans leur sadisme, et dans le plaisir qu'ils éprouvait à faire souffrir les autres... En plus de son handicap, c'était peut être ça qui énervait le plus la petite infirme...

Ilya attrapa un des bonbons jetés par la jeune femme, l'ouvrit et le croqua nerveusement.

Roncenoire voyait l'infirme pester contre elle, contre les hommes, contre le destin, pourtant cela lui plaisait sa victime se plaignait encore et toujours. et pourtant la Furria restait silencieuse, elle voyait les regards de l'humaine sur le fauteuil, son envie de fuir, son orgueil qui lui disait de rester... Et dire qu'elle avait déjà perdu! Elle pouvait se trainer sur le sol pour atteindre ce moyen de fuite à roues, et donc voir le visage radieux de la femme chat ayant réussis à humilier sa victime où alors elle pouvait attendre quelqu'un qui veuille bien l'aider et prouver ainsi sa faiblesse. Non Roncenoire n'avait qu'à attendre patiemment en regardant sa proie se débattre dans ses pensées en réalisant qu'elle est piégé, parfois le chasseur doit être patient, cela fait partie du plaisir...

L'infirme brisa le silence, des mots qui ne trouvèrent aucune réponse. Puis, certainement de frustration, elle croqua violemment une confiserie. Roncenoire sut à ce moment qu'elle avait gagné...

Apparemment, celle qui lui faisait face n'était pas pressée. Regarder sa proie ramper lamentablement sur le sol pour s'échapper, puis lui bloquer l'échappatoire pour la voir fuir à nouveau dans une autre direction. Et lorsqu'elle devenait ennuyeuse, la mort était offerte, comme un soulagement aux sévices endurés, mais c'était aussi le point culminant du plus pur sadisme. Ou selon le regard de l'intéressée, d'un simple jeu pour se divertir d'un quotidien trop banal, trop commun, trop ennuyant.

Ilya n'avait pas du tout envie de tomber dans le jeu de la jeune femme, mais avait-elle le choix? Celle-ci était restée de marbre à ses paroles, comme si elle n'avait aucune aversion envers les hommes... Peut être avait une aversion contre d'autres personnes, comme les faibles? Peu importait en fait. Ilya voulait partir, sortir de cette pièce où l'autre jeune femme s'amusait d'elle comme d'un petit animal... Elle était piégée de toute façon, et si elle voulait s'échapper, il n'y avait que son fauteuil...

Sa fierté... Qu'en faire, au final? A quoi cela lui servait-il? A se donner bonne figure, bien sûr... Paraître comme les autres... Même si ce n'était pas le cas...

La friandise qu'elle mâchait arriva à terme, et n'était plus qu'un goût sucré dans sa bouche... Ilya écrasa l'emballage, et le jeta sur la table basse plus loin, puis, sans un regard ni un mot pour la jeune femme descendit du canapé pour se poser sur les genoux. Son fauteuil lui semblait vraiment.... loin... Mais peu importait après tout...

Et elle se mit à ramper en direction de son fauteuil, contentant le sadisme invétéré de celle qui à coup sûr l'observait, et ne ratait pas une miette du spectacle. Ilya n'était pas du tout à l'aise, car seuls ses bras lui permettaient de progresser. Heureusement que le sol était recouvert de moquette...

A partir de quelques mètres, la petite infirme releva la tête... La distance entre elle et le fauteuil ne semblait pas diminuer... Et c'est à ce moment qu'elle réalisa vraiment sa situation. Avait-elle un jour crut qu'elle allait ramper pour satisfaire une femme, qui plus était sur la station? Jamais, même pas dans ses cauchemars les plus terribles. Ses pires souvenirs semblaient se répéter, dans cette salle de détente... Sa colère, sa rancœur, tout avait disparut, laissant place aux douloureux évènements dont elle avait mémoire et qu'elle avait vécue sur Terre.

Tristesse, désespoir... Des sentiments bien inutiles... Et incontrôlables... Elle commença à sangloter, se perdant dans ses larmes tout en rampant... Plus qu'un mètre... Son fauteuil n'était plus qu'à un mètre...

Roncenoire regarda la jeune fille ramper à ses pieds, elle avait choisit de prouver sa force en paraissant aussi misérable qu'elle était vraiment: un insecte parmi tant d'autres. Une poussière dans l'espace infinie. Rien. Celle qui se tenait sur le fauteuil regardait la scène avec intérêt, toute trace de son sadisme disparut de son visage, Elle était concentré sur chaque détails...

...La Porte-Misère attendit patiemment, lorsque l'occasion se présenterait, la guerrière du clan des Crocs-Sanglants arriva dans la clairière. Elle eu un mouvement de dégout en voyant le charnier en décomposition bien qu'elle était couverte du sang de Danses-Ombres. La vision devait heurter les considérations romantiques de la furria à la chevelure rouge sur la guerre, une vrai guerrière se doit de respecter son adversaire... Mais massacrer des enfants ne lui faisait ni chaud ni froid! Roncenoire savait que sa seule chance était la surprise, elle n'était qu'une enfant et contre une adulte entrainée pour tuer, un face à face aurait été désastreux. Alors elle attendit sous les cadavres de ses anciens compagnons de jeu, malgré l'odeur, la peur, pour survivre...

...L'infirme commença à sangloter tirant la femme-chat de ses souvenirs. Avait-elle été aller trop loin? Non. Personne n'était trop préparé à survivre. L'humaine se perdait dans ses pleurs. Roncenoire se leva et arriva à côté de la geignarde, d'un bras elle la souleva et la mit dans le fauteuil avec le minimum de ménagement. Oui elle, la Danses-Ombres forte qui ne pleurait jamais, celle qui ne montrait aucune pitié, avait voulu, elle aussi, être sauvé...

Il ne lui restait qu'un seul mètre, mais déjà elle se sentait soulevée, et installée -sans ménagement ni précautions certes- dans son fauteuil. Ilya ne compris pas immédiatement ce qu'il s'était passé, et elle pensait que "quelqu'un" d'extérieur à la scène était intervenue. Sa surprise fut grande lorsqu'elle vit la jeune femme, sa tortionnaire, et qu'elle était l'instigatrice du geste précédent.

La petite infirme ne comprenait plus vraiment la situation... Qu'y avait-il à comprendre d'ailleurs? Que la jeune femme s'était ravisée, qu'elle s'était lassée, ou que cela ne lui plaisait plus? Peu importait vraiment en fait, la seule préoccupation d'Ilya se résumant principalement à fuir cette salle de détente sordide.

Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Car intérieurement elle était intriguée par son interlocutrice, surtout par son geste en vérité. Elle tenta de sécher ses larmes, avec grande difficulté, et s'installa un peu plus confortablement dans son fauteuil. Entre quelques sanglots étouffés, elle demanda:

"P... Pour...quoi..?"

Roncenoire avais un gout amer dans la bouche, celui de la défaite. Elle détestait perdre. Pire elle détestait ces souvenirs qui lui rappelait comment elle était devenu ainsi. Après avoir lâché sa victime dans son fauteuil, la furria à la peau noire se dirigea vers la sortie de la salle de détente, frustrée? Dégoutée? Elle ne le savait pas tant l'envie de se défouler était là. Levant la main sur l'interrupteur du sas d'entrée, elle entendit quelques mots, sans se retourner, la réponse fût assez fulgurante que haineuse:

"La ferme!"

Pour appuyer son ordre elle sortit les griffes, prête à sauter sur l'infirme.

"Tu chiales encore une fois, je te crève."

Ses mots était calme et posés. Toujours devant la porte elle actionna l'ouverture...

Ilya ne sentit pas vraiment la dureté des mots qui avaient été prononcés à son égard, mais elle en compris globalement le sens. Même si l'ensemble de la situation restait assez confus à ses yeux... Elle ne dit plus mot supplémentaire, n'osant même plus regarder la jeune femme qui s'en allait, ni lui répondre. Puis ce silence. Ce court silence précédant l'ouverture de la porte coulissante automatisée, où seuls les derniers sanglots de la petite infirme étaient encore audibles.

Stupides souvenirs. Il aurait sans doute été mieux d'être devenue amnésique, de tirer un trait sur son passé, de l'oublier. Mais Ilya n'avait malheureusement pas cette chance. Elle avait une nouvelle vie, certes, mais ses supplices étaient toujours présents, ancrés dans son âme... Et le pire c'est qu'elle avait bonne mémoire. Il n'en fallait que très peu pour lui rappeler quelque chose, un objet, une phrase, une situation similaire...

Un mouchoir... Il y en avait un dans une des poches de son fauteuil... Ilya le sortit, essuyant les dernières larmes encore présentes sur son visage. La jeune femme était-elle partie? La petite infirme n'avait même pas le courage de regarder. Elle n'aspirait qu'à une chose: quitter cette salle et... se réfugier dans sa chambre... Rien de plus...

Roncenoire traversa la ligne séparant la salle de détente du couloir. Elle fit une moue de dégout puis se repris. Oui elles se retrouveraient... Et ce jour là la furria à la peau noire frappera sans prévenir, elle frappera pour faire mal, pour ne laisser aucune défaites, insultes et blessures impunies. Ce jour là l'infirme pourra vraiment pleurer et savoir si elle est forte ou non. Instinctivement ses griffes sortirent, tandis qu'un sourire de mauvaise augure se dessina sur le visage de Roncenoire... Elle avait déjà un plan de vengeance...

[Fin du topic pour ma part]

[De même ^^ Merci pour ce RP génialissime x3]